Κάλεσμα

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Os Cangaceiros

«Handsworth, à Birmingham, un quartier à majorité noire et asiatique, est l’endroit où la politique de sectorisation du maintien de l’ordre a fait jusqu’ici le plus de progrès. Au début des années 1970, le commissariat était régulièrement assiégé et n’eût été le traitement expérimental de pacification pratiqué ces temps-ci, l’explosion aurait égalé celle de Liverpool... Le jour où Toxteth flambait, un festival était organisé à Handsworth, qui a accueilli 8 000 personnes.

Selon le reporter du Times (1/7/81) “ l’état d’esprit était aussi aimable et paisible qu’à une fête de village... ” Pourtant, cinq jours après, Handsworth explosait, et le commissariat de police était assiégé. Bien que les kids aient voulu la tête de David Webb [chef de la Police], le débordement manquait de la férocité de Toxteth ou de Moss Sides » (Extraits de «Like a summer with a thousand july’s »). Avec les émeutes de septembre 85, c’est chose faite. L’État britannique a expérimenté une fois de plus son incapacité à contrôler durablement les pauvres. Que ce soient les mineurs en grève, les hooligans ou les émeutiers, la colère furieuse des pauvres n’a pas cessé ces dernières années. Ils n’ont pas l’intention de se laisser tanner le cuir.

Ils ont la haine et le font savoir. Chaque coup de l’État entraîne une réponse foudroyante et sans merci. Comme on a pu le voir récemment, ce sont des pluies de pierres et de cocks qui se sont abattues sur sa gueule. Par rapport aux précédentes, les émeutes en cours montrent que la détermination, la cohésion et le mépris des rackets politiques et culturels ont grandi face à l’État qui a perfectionné son arsenal de contrôle social depuis la grande peur de 1981.

«ON DITQU’À BIRMINGHAM, C’ESTUNE GUERRE ENTRE CITOYENS. C’ESTFAUX. ICI, C’ESTLA GUERRE DETOUS LES PAUVRES CONTRE L’ÉTAT. »

Propos d’un émeutier d’Handsworth Cette fois, l’ennemi ne se donne même pas la peine de pleurer sur le chômage et le racisme dans les ghettos, censés expliquer les révoltes et justifier le boulot des réformistes. « Les émeutiers sont chômeurs et travailleurs, noirs, blancs et même asiatiques. Aucune misère ne peut justifier les crimes contre la communauté. C’est hooliganisme et esprit de destruction » (Hurd, ministre de l’intérieur).

Si les pauvres se révoltent, ce n’est pas parce qu’ils sont exclus de la société, ils ne revendiquent pas de droits civils ni politiques pour s’y intégrer. Il ne s’agit pas d’oppositions spectaculaires mais de crimes contre la société.

Malgré les appels au calme, des responsables religieux et politiques des communities de Birmingham, les jeunes sont descendus dans les rues, attaquant les patrouilles de flics et les notables, pillant et brûlant les bâtiments publics et privés.

À la question du journapute du Times : « Pourquoi s’attaquent-t-ils à vous ? », le

gros sikh répond : «Les émeutiers s’attaquent à nous parce que nous avons l’argent ! »

Dans le feu de l’émeute, le public réel se forge, toutes les distinctions de race, de

religion ou de culture disparaissent.

La plupart des banques, des boutiques, des bijouteries et des supermarchés ont

été dévastés dans un périmètre bien plus vaste que ne l’ont avoué les autorités.

Les pubs n’ont pas été épargnés. Des centaines de complices discutaient, se coordonnaient et se partageaient les tâches : allumer les patrouilles de flics, forcer et

arracher les grilles des magasins, enlever les marchandises volées dans des caddies

et des camionnettes, saccager et brûler les lieux ainsi nettoyés. «C’était éclatant !

Il y avait des centaines de jeunes roulant vers le bas de Soho Road des caddies pleins

d’étoffes et de bouteilles, éclairés par le feu ! » (Un asiatique d’Handsworth) Les commerçants

Indo-Pakistanais se sont plaints de la sélection effectuée : les émeutiers

n’ont pris que les beaux bijoux, les bons vins et les soieries. La camelote, ils l’ont

jetée... Les pauvres ont refusé le principe du minimum vital, ils n’ont pas suivi

les enseignements de l’Économie Politique et de l’Église Réformée : jeûner et

prier pour l’Angleterre. Ils aspirent à la richesse. Ils ont préféré le caviar au pâté

pour chiens et l’ont fait savoir au monde. Lors des précédentes émeutes, des fonctionnaires

avaient protégé des bureaux de sécurité sociale et des églises de la furie

des prolétaires en prétextant que s’ils les incendiaient, ils ne pourraient plus toucher

les allocations hebdomadaires et profiter de la soupe populaire. À Handsworth,

plus d’hésitations : les kids ont dit ce qu’ils pensaient du Droit au Travail

et du Droit à l’Assistance, ces piliers du Droit Politique Anglais. Ils se sont acharnés

sur les bâtiments publics : bureaux de poste1, centres de chômage, cabinets

de dentistes et églises. Les bâtiments privés, abritant des ateliers de travail au

noir, ont eu leur compte. Dans Lozells Road, cette passion de la destruction s’est

déchaînée. La rue a entièrement cramé. Les responsables municipaux jacassaient

depuis longtemps sur la « revalorisation d’Handsworth ». Les émeutiers ont résolu

de façon exemplaire la question de l’urbanisme local.

Les kids ne se sont pas débandés lorsque les renforts anti-émeutes sont arrivés. Ils

les attendaient de pied ferme. Le lendemain, le tract anonyme « Today Pigs, Tomorrow

Bacon » [Aujourd’hui porcs, demain bacon] circulait sous le manteau. Il

donnait la recette du cocktail molotov et diverses consignes pour les pillages. Les

émeutiers ont fait preuve d’un véritable génie pour utiliser les moyens matériels

à leur disposition. Ils les ont retournés contre l’ennemi. Les bouteilles de lait vides

devant les portes, les tissus des magasins, l’essence des stations services2 ont fourni

le nécessaire pour les cocks. Les barres de fer et les briques des chantiers ont servi

de matraques et de projectiles. «C’était affreux », pleurait le Chef de la Police, « je

voyais mes hommes tomber en sang sous une grêle de pierres, de briques et de cocktails

molotov en tentant de passer les barricades. Il fallait avancer au milieu de ces voitures

et de ces immeubles en feu qui étaient autant de pièges. C’est un des rares cas de combat

de rue où la police a dû reprendre le contrôle rue par rue, maison par maison ».

Seule la pression policière et le bouclage de la zone amenèrent les émeutiers à décrocher.

Le lendemain, Hurd, ministre de l’Intérieur nouvellement nommé, se

pointait à Handsworth, il voulait y affirmer l’autorité de l’État. La réception du

public fut soignée. Des pierres commencèrent à voler, le locataire d’une maison

où Hurd demanda refuge le jeta ! Peu après, des voitures et des vans furent retournés

cramés. Des responsables du Labour, venus verser quelques larmes sur la

brutalité de la police et proposer leurs bons offices, furent accueillis par des insultes

et des jets de briques. L’après-midi et la nuit suivante donnèrent lieu à d’autres

pillages et bagarres. Deux jours plus tard, alors que le quartier était sous

occupation policière, deux kids n’hésitèrent pas à braquer une poste au couteau.

 

« I AM BACKING HANDSWORTH »

Bombage à Brixton

Brixton n’attendait que ça ! Ce quartier du Sud de

Londres avait su se tailler une notoriété respectable

en 81. Depuis, le travail de pacification des sauvages

fut massif. Brixton fut rasé en partie pour faire place à de

larges rues bordées de terrains de sports et de cottages habités

par des civilisés : petits cadres, etc. Les flics entretenaient

un climat de suspicion entre les gens, renvoyant

chacun à son isolement, aidant les balances anonymes par

la mise en place d’un réseau téléphonique de délation. Par

contre les crétins de pigs, s’ils profitaient de la guerre de

tous contre tous, oubliaient qu’elle pouvait se transformer

en guerre de tous contre l’État ! Après avoir froidement

assassiné Cherryl Groce au cours d’une perquisition, ces

porcs se sont faits assiéger dans leur commissariat, attaqués

avec des pierres et des cocks. Les belles bagnoles qui

circulaient dans le quartier étaient arrêtées, leurs passagers

dévalisés et jetés dehors. Ensuite les caisses étaient brûlées

et servaient de barricades. Une bijouterie allait rapidement

se faire piller et l’hostilité face aux journalistes se faire sentir.

Les trains et les métros furent paralysés. Les pillages

s’étendirent rapidement aux autres boutiques. Un magasin

de vêtements fut entièrement brûlé. La mobilité des

bandes de pilleurs était très grande, passant d’un quartier

à un autre sans perdre de temps. Certains gueulaient : «Britain

finished, Britain finished ! » D’autres remarquaient que

c’était beaucoup mieux qu’à la télé ! Un magnifique bombage

s’étalait sur la devanture de Burton : « I am backing

Handsworth » [je soutiens Handsworth]. De nombreuses

personnes étrangères au quartier vinrent participer à la

fête. Plusieurs journaputes qui pensaient faire sans vague

leur boulot de flics furent pris à parti. Un d’entre eux devait

ramener un magnifique souvenir de Brixton Road :

une belle balafre en travers de la gueule. Un autre sérieusement

frappé à la tête devait mourir quelques semaines

plus tard. Les kids n’ont pas oublié qu’une photo constitue

maintenant une preuve pour les tribunaux. Hazells,

l’émeutier au cock de Lozells Road, et ses amis ont été

bien vengés ! En fin de journée, les affrontements avec les

flics se multiplièrent et devinrent acharnés. Et malgré le

blocus de Brixton, des combats devaient se poursuivre

jusqu’au lendemain !

 

«MAINTENANT, POUR UNEVIE, C’ESTUNEVIE »

Propos d’un émeutier de Tottenham

Après l’émeute d’Handsworth, le souhait le plus cher des mecs était que

d’autres explosions surviennent dans le reste de l’Angleterre. Celle de

Tottenham a dû les combler. Il est évident qu’après Handsworth, à Tottenham,

on s’est organisé. Les flics reçurent de nombreux appels téléphoniques

sous divers prétextes, les conviant à intervenir dans la cité3 où toute cette belle

jeunesse leur avait préparé quelques guet-apens de leur génie. Rien n’y fit. Par

contre les porcs n’hésitèrent pas à perquisitionner discrètement chez Floyd Jarret

accusé de vol de voiture. Perquisition au cours de laquelle la mère de Floyd

devait mourir d’une crise cardiaque. Le lendemain, une manifestation de protestation

se déroula devant le commissariat, que la presse commenta comme « sans

violence mais chaude ». «Chaleur » qui devait se transformer en plombs pour ces

langues de putes quelques heures plus tard. Vers 19 heures, la « température »

monta tellement que les bagnoles aux alentours commencèrent à cramer ; les bâtards

la ramenèrent rapidement, voulant contenir l’émeute dans la cité. Tous les

accès furent barricadés par des caisses enflammées. Une grêle de pierres et de

cocks s’abattit sur les porcs : Today Pigs, Tomorrow Bacon ! Les parkings furent à

leur tour le terrain de l’affrontement. Des voitures retournées et incendiées permettaient

de contenir l’avancée des flics. Ceux qui s’y aventurèrent tombèrent

dans de véritables souricières. C’est ainsi qu’un groupe fut accueilli, avec la chaleur

que l’on sait, à coups de couteau et de machette. Un des porcs devait y laisser

sa peau : Everyday bacon ! D’autres essuyèrent des coups de fusil de chasse et

même de guns ; (la télévision montra un pig truffé de plombs de chasse). Plus

tard, ne pouvant plus contenir la pression policière, les émeutiers investirent une

des tours et un supermarché, cassant tout, utilisant les boîtes de conserve comme

ultimes projectiles. Les flics ne pénétrèrent que plusieurs heures après dans l’immeuble

plein de ruines. Au total, 7 arrestations, 240 flics blessés et 1 mort, 4

journaputes atteints par des tirs d’armes à feu, des dizaines de bagnoles cramées,

le supermarché de la cité pillé et plusieurs appartements dévastés4.

Au cours d’une conférence de presse où quelques guignols réformistes du coin

affirmaient leur soutien aux émeutiers5, les jeunes de la cité déclarèrent aux

journaputes présents : «Vous pouvez le faire savoir maintenant : pour une vie, c’est

une vie, c’est la guerre ». La veille, un autre pisse-copie rapporta ces propos :

« n’écris aucune de ces conneries sur le chômage et tout le reste. On n’en a rien à foutre,

c’est tout ». «C’est une révolution. D’abord l’Afrique du Sud, ensuite Handsworth

et Brixton, maintenant c’est ici ». Dans un tel climat, les plus caves ont

déménagé. Les flics sont là en permanence avec contrôle renforcé la nuit. Le

jeudi d’après l’émeute, Tottenham, qui possède une équipe de football bien

connue, devait recevoir une équipe. Le match fut annulé par crainte de troubles.

Évidemment ceux que l’on retrouve dans les stades sont les mêmes qui incendient

leurs quartiers !

 

«UNE DÉMOCRATIE NE SAURAIT EXISTER

SANS POLICE »

Le Chef de Scotland Yard

«Ceux qui descendent dans la rue à la première occasion

pour tirer, piller et détruire seront soumis

à la loi criminelle dans toute sa rigueur » (Thatcher).

L’État ne peut pas fermer les yeux devant les flambées

de violence sociale sans favoriser un sentiment

d’impunité chez les prolétaires. La terreur doit régner.

La police est en état d’alerte permanent, comme pendant

la grève des mineurs, les brigades anti-émeutes et les compagnies

de combat de l’armée, déguisées en bobbies pour

la circonstance, se concentrent dans les zones à « hauts

risques ». Des armées de flics imposent de véritables occupations

militaires après les émeutes, isolent des quartiers

entiers pour éviter que la colère dévastatrice des émeutiers

ne se répande. Des districts comme Handsworth et Tottenham

sont sous contrôle permanent. Les flics arrogants

et soupçonneux se déplacent par quatre, une patrouille

tous les cinquante mètres. Reliés par radio, ils se couvrent

d’un carrefour à l’autre et sont proches de leurs vans, bourrés

de matériel anti-émeutes. Brixton fut isolé plusieurs

jours par une masse de flics qui interdisaient l’accès aux

« étrangers » et contrôlaient toute circulation sur plus de

vingt km2. À Kirkby, banlieue Nord de Liverpool, l’isolement

pour prévenir toute éventuelle émeute comme en

81 est tel que seuls huit bus par jour vont au centre-ville.

Malgré ce blocus, les kids de rage ont attaqué les fermiers

du voisinage à coups de cocks ! La police s’est plainte partout

du manque de coopération de la population. Pardi !

Ça craint de jouer les balances au commissariat du coin

sous l’oeil des kids: un accident est si vite arrivé ! Par le système

de «Hot Line », la police cherche à institutionnaliser

le mouchardage anonyme et sans risque. Des numéros de

téléphone sont rabâchés dans la presse et à la BBC.

Devant cette tension sociale permanente, l’État n’a pas le

choix : la balle en plastique et le gaz CS sont à l’ordre du

jour, comme en Irlande du Nord. Les commissions d’enquête

et les tribunaux tournent à plein. De lourdes

condamnations tombent et les prisons sont bondées. Le

« Fair-Play » britannique est une image pour touristes, qu’il

concerne la justice ou le bobby au look débonnaire. Des

générations de maniaques à perruques, magistrats et juristes,

ont mis au point un code criminel modèle du genre.

Le pouvoir de ces notables, capitalistes ou propriétaires fonciers eux-mêmes, est

énorme 6. Ces fanatiques de la propriété privée et de l’ordre sont impitoyables

face à la violence des grévistes ou des émeutiers : huit ans à un kid en 81 pour jet

de cock, cinq ans au mineur Terry French pour coup de poing dans la gueule

d’un pig, perpet’ à deux mineurs accusés d’avoir tué un chauffeur de taxi transportant

des jaunes. Les tribunaux ne s’encombrent pas de scrupules juridiques.

À Birmingham, deux jeunes sont tombés pour l’incendie de la poste de Lozells

Road. Pourtant même un pompier appelé comme témoin les a déchargés de leurs

responsabilités. Rien n’y a fait. Ils sont restés en taule au nom de leurs « responsabilités

morales » ! À Brixton et à Tottenham, les tribunaux distribuent aisément

des inculpations pour meurtres. Ce sont de véritables prises d’otages pour terroriser

les amis et complices des détenus. À Liverpool, les jeunes ont eu tellement

les boules devant ces « exemples » qu’ils ont attaqué le tribunal où étaient jugés

deux des leurs, inculpés de meurtre lors du Carnaval de Toxteth. Après Tottenham,

les tribunaux ont tenu des séances à huis dos. En s’inspirant des lois d’exception

de l’Irlande du Nord, Hurd voudrait perfectionner encore l’arsenal

judiciaire de l’État. Le projet sur la « sécurité publique », s’il est voté aux Communes,

permettra l’arrestation de toute personne présente sur le lieu d’un désordre

public, ou pire, l’incarcération préventive de suspects en cas de montée de

la tension sociale. Ce décret veut donner force de loi dans toute l’Angleterre à ce

qui commence à être le comportement quotidien des flics et des juges dans les

zones « à hauts risques ».

«NOUS FERONS DE L’ANGLETERRE UN PAYS

DE PETITS ACTIONNAIRES ETDE PETITS PROPRIÉTAIRES »

Thatcher

Dans l’immédiat, l’État n’a pas d’autre solution que de poursuivre et d’aggraver

la répression. Mais l’Angleterre n’est pas l’Irlande du Nord. L’état

de siège, c’est l’intervention violente et systématique de l’État dans les

affaires de la société. Celle-ci a besoin de paix sociale pour fonctionner. L’occupation

militaire des quartiers agités ne peut être que temporaire.

La stratégie de Maggie-Salope est de faire de l’Angleterre une nation à l’image de

l’Europe continentale avec des cadres à l’allemande et des boutiquiers à la française.

Les petits-bourgeois anglais constituent depuis longtemps un néant social

et politique. C’est le pays où même les médecins sont fonctionnaires. Si l’État

prend le contre-pied de cette tendance, ce n’est pas seulement parce que le fonctionnaire

coûte de l’argent et ne fout rien. Le salarié de l’État reste passif tant que

sa situation garantie n’est pas directement en danger. Comme le dit John Moore,

responsable de la politique de dénationalisation : « Il est clair que l’attitude des employés

et de l’encadrement change profondément quand ils possèdent un peu de l’entreprise

dans laquelle ils travaillent : ils s’y intéressent plus ». Pour la défense de la

propriété privée et de l’ordre, rien ne vaut un petit porteur d’actions ou un commerçant

avec un fusil à pompe derrière le comptoir.

Ironie de l’Histoire, en Angleterre, une couche de beaufs

se crée à partir des « communautés » héritées de l’Empire.

Au lendemain des émeutes de 81, Lord Scarman conseillait

déjà à Thatcher de s’appuyer sur les notables jamaïcains,

sikhs et indo-pakistanais pour affermir l’autorité de

l’État : «Reconnaissons à tous le droit de vivre dans leurs

communautés d’origine. La démocratie britannique y gagnera.

» (Discours de Scarman à la chambre des Lords).

Pendant que les notables sablaient le champagne avec les

chefs de la police, dans les carnavals et les salons des municipalités,

la police organisait des raids et multipliait les

« bavures » sanglantes pour imposer le silence dans les rues

et rabattre les délinquants vers leurs ghettos respectifs. La

drogue fournissait le prétexte pour traquer les kids. En

s’appuyant sur la pseudo-suppression de l’isolement individuel,

par la communauté familiale et culturelle, l’État

espérait maintenir la paix sociale. Mais ces « communautés

» ne peuvent exister sans l’hostilité commune de leurs

membres face à « l’étranger ». Les kids ont trop eu affaire

à leur réalité, la guerre de tous contre tous, pour y croire

longtemps. Que ces intérêts privés se soient fixés en intérêts

de communautés fermées n’y a rien changé. Les kids

considèrent les chefs traditionnels, musulmans, hindous

et sikhs comme des balances et des vampires. Ce n’est pas

pour rien qu’ils les insultent et leur lancent des pierres. En

s’appuyant sur les liens traditionnels de subordination familiale

et religieuse, ces chiens de notables travaillent à

calmer les excités ou, s’ils ne peuvent pas, à les isoler. S’ils

sont repérés par les flics, ils n’ont plus qu’à se rendre.

Quant aux notables rastas, s’ils font encore quelque peu illusion

c’est qu’ils n’ont pas pour le moment pignon sur

rue comme leurs concurrents.7 « Les responsables des communautés

sont des enculés, ils font leur carrière sur nos malheurs

» (un black de Toxteth).

Les notables noirs, souvent membres du Labour, versent

des larmes de crocodiles sur les « excès » de la police tout

en approuvant « la répression de la délinquance et du deal ».

Les notables pakistanais et sikhs, ces juifs de l’Inde en sont

déjà à appeler à la constitution de milices privées ! Les pigs

ne se déplacent pas assez vite pour défendre les boutiques.

Voilà qui correspond aux voeux de Hurd : les commerçants

ne doivent plus se laisser terroriser par les kids mais prendre

énergiquement en main la « communitie policing » !

 

«WHATA BEAUTIFUL MORNING! WHATA BEAUTIFUL MORNING! »

Refrain des émeutiers d’Handsworth, au matin sur les ruines fumantes

Malgré la répression et l’isolement relatif des émeutes, les kids ont la

pêche. La révolte est la fête des pauvres. Ils prennent goût à ce qu’ils

font et n’ont pas l’intention de se calmer. Ils n’ont rien à perdre à se

révolter. «Liberté, liberté», criaient les émeutiers d’Handsworth en incendiant les

commerces. L’Angleterre avait bâti sa puissance sur le pillage du monde. Elle

voulait civiliser le monde des sauvages à son image. Maintenant les sauvages sont

au coeur de l’Empire et sont fort peu civilisés. «Zulu, Zulu » rappellent les badges

des mineurs grévistes. «Zulu, Zulu » murmurent les kids sous le nez des flics.

«Zulu, Zulu » renvoient les inscriptions sur les murs noircis par le feu. Par l’action

publique, des jeunes et moins jeunes prolétaires se découvrent un ennemi

commun : cette société. Cet ennemi ne se contente pas de leur faire un tort accidentel

et personnel. «Tous les jours, ils nous traitent tous comme des animaux ».

(un émeutier de Toxteth). Par dessus les barrières des pseudo-communautés et des

ghettos, ils se reconnaissent et se retrouvent dans les combats de leurs semblables ;

des mineurs et des hooligans d’Angleterre aux émeutiers d’Afrique du Sud.

Vive les Zulus de Grande-Bretagne !

Octobre 85

Tony Sheffield, Allan Doray et quelques complices

 

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