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La communisation comme sortie de crise

La communisation comme sortie de crise

publié le mercredi 3 février 2010

 

Ce texte, paru dans Echanges n° 131, est une contri­bu­tion à un débat concer­nant la crise et ses issues pos­si­bles.

La note qui suit est déli­bérément très résumée. Elle ne dével­oppe pas la cri­ti­que du pro­gram­ma­tisme – déjà faite abon­dam­ment – et ne fait qu’évoquer les aspects récents du mou­ve­ment social qui confor­tent la thèse com­mu­ni­sa­trice.

1. Immédiateté du communisme

1.1. Définition et ori­gine

Ne pas confon­dre imméd­iateté et ins­tan­tanéité. Par imméd­iateté du com­mu­nisme, on pose que la révo­lution prolé­tari­enne n’a plus pour objec­tif de créer une société de tran­si­tion, mais le com­mu­nisme direc­te­ment. Du coup : plus de pro­blème de prise du pou­voir poli­ti­que, d’alliance avec d’autres cou­ches socia­les, ni d’effec­tua­tion de la tran­si­tion sur le ter­rain (dépér­is­sement de l’Etat, etc.).

La notion d’imméd­iateté du com­mu­nisme ne sort pas de rien. Elle est appa­rue avec la crise des années 1960-1970 sur la base de l’inca­pa­cité poli­ti­que de la gauche et des gau­chis­tes à com­pren­dre l’anti-tra­vail. Aujourd’hui, toute les ten­ta­ti­ves pro­gram­ma­ti­ques sont déris­oires. Quant à l’anti-tra­vail, il revient avec plus de force que dans les années 1970 (Chine, Bangladesh et même pays indus­tria­lisés)

1.2. La com­mu­ni­sa­tion comme pro­ces­sus

La com­mu­ni­sa­tion, cela ne signi­fie donc pas que le com­mu­nisme s’ins­taure d’un coup de baguette magi­que. Il y aura lutte, avancées et reculs de la révo­lution. Mais cela signi­fie que les actions qu’entre­pren­dront les révo­luti­onn­aires abo­li­ront le tra­vail et la valeur, et tout le reste (famille, patrie…) ici et main­te­nant. Quand la révo­lution atta­quera la pro­priété capi­ta­liste, elle ne don­nera pas au prolé­tariat une pro­priété qui lui éch­appait jusqu’ici, mais elle abo­lira toute forme de pro­priété, tout de suite. Il est impos­si­ble de déc­rire cela dans le détail. Il faut cepen­dant essayer de pré­ciser, pour avoir une meilleure idée de là où on va et pour savoir, le moment venu, dis­tin­guer révo­lution et contre-révo­lution.

2. Activité de crise et communisation

Quand la crise éclate, le prolé­tariat se soulève parce que le non-achat de la force de tra­vail l’exclut du rap­port social et de tout rap­port à la nature. Ce fai­sant, il dével­oppe une acti­vité de crise qui est la matrice de tous les pos­si­bles. La pos­si­bi­lité du com­mu­nisme ne se trouve que dans l’acti­vité de crise du prolé­tariat. La théorie n’a pas tou­jours défini le com­mu­nisme de la même façon, mais toutes les défi­nitions et stratégies ont tou­jours reposé sur ce que fait le prolé­tariat dans son acti­vité de crise. On ne peut parler d’acti­vité de crise que dans le cas d’un soulè­vement géné­ralisé du prolé­tariat, et non dans le cas d’un conflit isolé d’une ou quel­ques entre­pri­ses, aussi « exem­plaire » soit-il.

L’acti­vité de crise repose sur deux éléments essen­tiels : indi­vi­dua­li­sa­tion/dém­as­si­fi­cation du prolé­tariat, et prise de pos­ses­sion d’éléments de la pro­priété capi­ta­liste pour les néc­essités de la lutte – pas pour repren­dre le tra­vail sans les capi­ta­lis­tes. Si la crise qui s’ouvre en ce moment s’appro­fon­dit au point de pro­vo­quer une insur­rec­tion prolé­tari­enne majeure, on retrou­vera ces deux éléments, avec les caractér­is­tiques his­to­ri­ques de notre époque. La dém­as­si­fi­cation du prolé­tariat sera d’autant plus nette qu’elle a déjà été entamée par le capi­tal post-for­diste. Vouloir un retour aux beaux jours de l’ouvrier masse est un rêve contre-révo­luti­onn­aire. Quant à la pro­priété capi­ta­liste, deux traits la caracté­risent :
d’une part, rien ne lui éch­appe. Le capi­tal s’est tel­le­ment emparé de toute la vie que, quoi qu’on fasse, on est tou­jours chez lui. Quand la crise éclate, le prolé­tariat ne peut rien faire sans empiéter sur la pro­priété capi­ta­liste. Même une simple mani­fes­ta­tion l’oblige à occu­per le bitume muni­ci­pal. Aujourd’hui, on lui permet de le faire. Demain ce sera illégal. Toute action du prolé­tariat dans son acti­vité de crise l’oblige à affron­ter le capi­tal pour pren­dre pos­ses­sion d’une partie de la pro­priété et donner ainsi une objec­ti­vité à son exis­tence qui n’est sinon que celle d’un pur sujet (1). Et, dans la crise actuelle, le mono­pole de la pro­priété capi­ta­liste est si total que, moins que jamais le prolé­tariat n’a de pos­si­bi­lité de repli. Il est le dos au mur. Par exem­ple, le capi­tal a sup­primé toute pos­si­bi­lité de repli à la cam­pa­gne ;
d’autre part, les biens de la pro­priété capi­ta­liste sont for­te­ment mar­qués, dans leur valeur d’usage, par les néc­essités de la valo­ri­sa­tion. Pour cette raison, l’acti­vité de crise sera amenée à beau­coup détr­uire et déto­urner. Il n’est pas exclu que le prolé­tariat s’empare d’une chaîne de mon­tage, mais il est exclu qu’il fabri­que des voi­tu­res.

2.1. « Production » sans pro­duc­ti­vité et abo­li­tion de la valeur

C’est à partir de l’acti­vité de crise, et pour en sortir, que s’enclen­che la com­mu­ni­sa­tion. La com­mu­ni­sa­tion ne répond pas à un idéal ou à un mot d’ordre poli­ti­que. Elle est la solu­tion des dif­fi­cultés de repro­duc­tion que le prolé­tariat ren­contre dans son acti­vité de crise. Celle-ci est une lutte contre le capi­tal pour assu­rer la survie, pas plus. Lorsque les alter­na­ti­ves prolé­tari­ennes contre-révo­luti­onn­aires ont fait la preuve de leur inef­fi­ca­cité à sauver éco­no­miq­uement le prolé­tariat, la com­mu­ni­sa­tion fait le saut dans la non-éco­nomie. Le para­doxe est que, alors que, au plus pro­fond de la crise, les besoins du prolé­tariat sont immen­ses, la solu­tion consiste à tour­ner le dos au pro­duc­ti­visme. La « pro­duc­tion » sans pro­duc­ti­vité n’est pas une fonc­tion de pro­duc­tion. C’est une forme de socia­li­sa­tion des hommes dans le com­mu­nisme où la pro­duc­tion inter­vient, mais sans mesure du temps ni de rien d’autre (intrants, nom­bres d’hommes impli­qués, rés­ultat pro­duc­tif). Selon la bonne for­mule de Théorie com­mu­niste : « radi­cale non-comp­ta­bi­li­sa­tion de quoi que ce soit ».

Essayons de voir les choses en deux temps :
durant la phase de des­cente aux enfers de la crise, la repro­duc­tion du prolé­tariat est prin­ci­pa­le­ment assurée par la prise sur le tas. Même dans une éco­nomie qui fonc­tionne en flux tendus, il y a des stocks. L’acti­vité de crise consis­tera (entre autres) à s’en empa­rer. Déjà à ce stade, on peut ima­gi­ner une diver­gence entre une voie contre-révo­luti­onn­aire qui vise à comp­ta­bi­li­ser, à regrou­per les biens, à coor­don­ner leur dis­tri­bu­tion, à faire res­pec­ter des critères de droits et de devoirs, etc., et une voie com­mu­ni­sa­trice, qui récuse cette éco­nomie du pillage et la for­ma­tion d’ins­tan­ces supéri­eures de la dis­tri­bu­tion, même élues démoc­ra­tiq­uement etc. Cette deuxième voie insis­tera sur le fait que l’appro­fon­dis­se­ment local, la gra­tuité abso­lue, valent mieux qu’une sta­bi­li­sa­tion natio­nale ;
dans une deuxième phase, celle de la sortie de crise pro­pre­ment dite, la pro­duc­tion repren­dra.

Le pro­blème est alors de savoir com­ment la pro­duc­tion peut repar­tir sans tra­vail, ni pro­duc­ti­vité, ni éch­anges. Le prin­cipe de la « pro­duc­tion » sans pro­duc­ti­vité est que l’acti­vité des hommes et leurs rap­ports sont pre­miers par rap­port au rés­ultat pro­duc­tif. La pro­duc­tion reprend sur cette base parce qu’il n’y en a plus d’autres. Développer la pro­duc­tion sans pro­duc­ti­vité, c’est abolir la valeur dans ses deux formes :
valeur d’éch­ange : si rien n’est comp­ta­bi­lisé, si la jus­ti­fi­ca­tion de l’acti­vité n’est autre qu’elle-même, le pro­duit rés­ultant de l’acti­vité n’a aucun contenu abs­trait ;
valeur d’usage : la valeur d’usage se dis­tin­gue de l’uti­lité simple par le fait qu’elle a, elle aussi, un contenu d’abs­trac­tion. L’uti­lité de la mar­chan­dise doit être géné­rale, ou moyenne, pour satis­faire un uti­li­sa­teur inconnu dont on ne sait pas le besoin par­ti­cu­lier (prêt-à-porter/sur mesure). La pro­duc­tion sans pro­duc­ti­vité est une acti­vité par­ti­cu­lière d’indi­vi­dus par­ti­cu­liers, satis­fai­sant des besoins exprimés per­son­nel­le­ment. L’usage des objets fabri­qués porte la marque de cette par­ti­cu­la­rité. C’est l’anti-nor­ma­li­sa­tion. Le caractère néc­ess­ai­rement local de la com­mu­ni­sa­tion y contri­bue.

Dans la révo­lution com­mu­niste, l’acte de pro­duc­tion ne sera jamais pro­duc­tif seu­le­ment. L’objec­tif des indi­vi­dus ayant décidé de mettre en place une bou­lan­ge­rie ne sera pas de réa­liser un nombre dét­erminé de pains, mais de se socia­li­ser, de culti­ver leurs affi­nités en pro­dui­sant du pain (2).

De plus, ces prolét­aires ne pro­dui­ront pas du pain comme caté­gorie géné­rale, mais un pain par­ti­cu­lier qui les sol­li­cite ce jour-là. Enfin, l’appro­vi­sion­ne­ment de nos bou­lan­gers en farine risque d’être aléat­oire, au moins dans un pre­mier temps, si les prolét­aires qui sont au moulin sui­vent les mêmes prin­ci­pes. Certains jours, il n’y aura pas de farine parce que ceux qui étaient au moulin ont préféré dis­cu­ter de l’amour et du sens de la vie. C’est la chien­lit ? Disons sim­ple­ment que ce jour-là il n’y aura pas de pain. Il faut l’assu­mer. L’autre terme de l’alter­na­tive est que quelqu’un fixe un plan, avec des quan­tités et des délais, et que les autres bos­sent. Non seu­le­ment la valeur est alors rétablie, mais en plus cette expéri­ence prolé­tari­enne n’a pas d’avenir : ou bien elle marche et les prolét­aires n’auront très vite plus aucun droit (res­tau­ra­tion du sala­riat sous une forme ou une autre), ou bien elle ne marche pas et ils se retrou­vent à la case pré­céd­ente de chômage et de salai­res impayés. Il est d’ailleurs pro­ba­ble qu’une solu­tion com­mu­ni­sa­trice n’inter­vienne qu’après un ou plu­sieurs échecs de ce genre.

De façon géné­rale, on retien­dra que la com­mu­ni­sa­tion rem­place la cir­cu­la­tion des biens entre les « pro­duc­teurs asso­ciés » par la cir­cu­la­tion des indi­vi­dus d’une acti­vité à l’autre. Cela impli­que notam­ment que : u les « lieux de pro­duc­tion » n’auront pas de per­son­nel per­ma­nent, pro­dui­ront ou ne pro­dui­ront pas, selon la moti­va­tion et le nombre des présents, car les « lieux de pro­duc­tion » seront avant tout des lieux de ren­contre et de vie ;
au moins dans un pre­mier temps, la com­mu­ni­sa­tion se fera loca­le­ment, non pas comme com­mu­nautés autar­ci­ques, mais comme ini­tia­ti­ves entiè­rement contrôlées par les par­ti­ci­pants. La com­mu­ni­sa­tion se fera comme une nébul­euse d’ini­tia­ti­ves loca­les. Ce n’est, me semble-t-il, qu’à cette éch­elle locale que la com­mu­ni­sa­tion peut faire la preuve qu’elle amél­iore tout de suite la vie des prolét­aires. Or cet aspect est fon­da­men­tal : les prolét­aires font la révo­lution pour vivre mieux, pas par idéal. A vou­loir trop entrer dans le détail, on fini­rait par tracer le schéma d’une non-éco­nomie tout aussi contrai­gnante que la société de tran­si­tion. En même temps, com­ment ne pas en donner (et mon­trer la pau­vreté de notre ima­gi­na­tion) pour rendre pal­pa­ble le fait que toutes les solu­tions apportées par la révo­lution com­mu­niste ont pour prin­cipe de mettre en avant l’acti­vité et non pas son rés­ultat. Pour dire que le prin­ci­pal « rés­ultat » visé par l’acti­vité, c’est elle-même. Les indi­vi­dus cir­cu­le­ront entre les acti­vités en fonc­tion de leurs affi­nités, et chaque étape de cette cir­cu­la­tion sera un moment de repro­duc­tion. Des pro­duits cir­cu­le­ront avec ces indi­vi­dus, mais sans éch­ange. Ceux qui ont fait des sau­cis­ses les feront partir vers une can­tine locale sans se sou­cier d’obte­nir quel­que chose en retour, puis­que ces sau­cis­ses ne leur ont rien coûté, pas même du tra­vail.

2.2. « Consommation » sans néc­essité

Le règne de la néc­essité n’est pas celui où les forces pro­duc­ti­ves sont insuf­fi­san­tes pour assu­rer une abon­dance dont on ne sait pas exac­te­ment où elle com­mence. Le règne de la néc­essité est celui où l’exis­tence de la pro­priété est une menace conti­nuelle de désoc­ia­li­sation et de mort pour ceux qui ne sont pas pro­priét­aires. Voilà pour­quoi, aujourd’hui, la gra­tuité ou les bas prix pro­vo­quent des réactions de sto­ckage et de sur­consom­ma­tion. Dans le com­mu­nisme, cette peur du manque dis­pa­raît en même temps que la pro­priété. Chacun est sûr de pou­voir manger, gra­tui­te­ment, ce que d’autres auront apporté et que d’autres auront préparé. Dans ces condi­tions, pour­quoi irais-je sur­consom­mer, sto­cker des ali­ments dans mon réfri­gérateur sous le prét­exte qu’ils sont gra­tuits ? Tout est gra­tuit et le res­tera. Parce que tout est pro­duit par des gens pour qui, en quel­que sorte, les sau­cis­ses ne sont qu’un sous-pro­duit de quel­ques jours de dis­cus­sion sur le sens de la vie.

La gra­tuité est une notion dif­fi­cile à manier. Je pense que, pour parler du com­mu­nisme, il vaut mieux l’enten­dre comme dans « geste gra­tuit » que comme dans « pro­duit gra­tuit ». D’une part, c’est une évid­ence que les ini­tia­ti­ves com­mu­ni­sa­tri­ces impo­se­ront la gra­tuité dans le champ de leur inter­ven­tion. Mais d’autre part et sur­tout, cette gra­tuité est plus que « prix = zéro ». Il ne faut pas se représ­enter cela comme gra­tuité de mar­chan­di­ses qu’on peut avoir sans argent. Ce qui est en jeu ici, c’est la non-rému­nération de l’acti­vité des com­mu­ni­sa­teurs. C’est une évid­ence aussi, puis­que les prolét­aires qui se lan­ce­ront dans la com­mu­ni­sa­tion ne le feront qu’après avoir tenté, en vain, d’obte­nir un salaire ou une allo­ca­tion. La gra­tuité, ici, c’est celle de l’être pour soi, dans une acti­vité tota­li­sante qui rompt les sépa­rations, par exem­ple entre « pro­duc­tion » et « consom­ma­tion ».

Production sans pro­duc­ti­vité, consom­ma­tion sans néc­essité sont deux for­mu­la­tions, dans le voca­bu­laire limité dont nous dis­po­sons, de la même acti­vité uni­fiée et libre.

3. Révolution, contre-révolution, répression

La com­mu­ni­sa­tion avance en élarg­issant pro­gres­si­ve­ment le cercle des prises de pos­ses­sions. La pro­priété ne se lais­sera pas faire. Elle a plu­sieurs cordes à son arc. La contre-révo­lution n’est pas uni­que­ment mili­taire.

3.1 Subtilités de la contre-révo­lution

Une partie de l’oppo­si­tion à la com­mu­ni­sa­tion vien­dra des rangs du prolé­tariat lui-même. Dans une situa­tion donnée, l’option auto­ges­tion­naire et l’option com­mu­ni­sa­trice pour­ront s’affron­ter. Par exem­ple, la prise en charge des enfants dans l’acti­vité de crise don­nera sûrement lieu à des ten­ta­ti­ves d’auto­ges­tion des écoles. Face à quoi, un cou­rant com­mu­ni­sa­teur pro­po­sera l’abo­li­tion pure et simple des écoles – il est d’ailleurs pro­ba­ble que les élèves se char­ge­ront direc­te­ment de donner vio­lem­ment leur avis (Grèce). Evidemment, l’abo­li­tion des écoles pose ins­tan­tanément une masse de ques­tions, très urgen­tes : qui va s’occu­per des enfants, qui va leur appren­dre quoi ? Leur faut-il un local dédié ? Vaut-il mieux qu’ils s’ins­trui­sent en jouant dans les allées de la révo­lution ? Comme tout pro­blème de la révo­lution, celui-ci n’exis­tera que loca­le­ment pour les habi­tants du quar­tier (pas de minis­tre de l’édu­cation !). La solu­tion mise en place loca­le­ment, plus ou moins bonne, ne deman­dera pas des proues­ses de pro­duc­ti­vité (pas de cons­truc­tion d’école, pas de for­ma­tion de maîtres, pas de réd­action de pro­gram­mes…), et s’ajus­tera en fonc­tion de l’évo­lution de la situa­tion. Le succès ou l’échec d’une telle ini­tia­tive ne tient pas tant à sa jus­tesse théo­rique qu’à sa capa­cité ou non d’amél­iorer la vie des prolét­aires (parents et enfants) qui l’ini­tient. Malgré la dif­fi­culté que nous avons à nous représ­enter une vie sans tra­vail ni valeur, l’ana­lyse (et cer­tai­nes expéri­ences d’acti­vité de crise) nous permet d’affir­mer qu’à un cer­tain degré de la crise, une solu­tion com­mu­ni­sa­trice sera plus apte à amél­iorer la vie que toutes les for­mu­les auto­ges­tion­nai­res. Ce qui est dit ici de l’école vaut pour toutes les ins­ti­tu­tions actuel­les.

3.2. Refus de toute mili­ta­ri­sa­tion

Si un tel mou­ve­ment local fait tache d’huile, si l’auto­ges­tion est insuf­fi­sante pour l’empêcher, la répr­ession la plus vio­lente inter­vien­dra évid­emment. L’his­toire nous montre que la pro­priété ne recu­lera devant aucun mas­sa­cre. Je pense que ce serait une grave incom­préh­ension des atouts spé­ci­fiques du prolé­tariat que de prôner une mili­ta­ri­sa­tion, même « révo­luti­onn­aire », du mou­ve­ment. Je ne pense pas qu’il y ait d’exem­ple dans l’his­toire où la mili­ta­ri­sa­tion, même la plus souple, la plus démoc­ra­tique, n’ait ouvert en grand la porte à la contre-révo­lution. Impossible d’entrer ici dans le détail. Mais on peut quand même indi­quer que, si la crise atteint une inten­sité telle que la com­mu­ni­sa­tion avance ainsi, la bour­geoi­sie elle-même ne sera pas indemne et, tout choyé qu’il soit, son per­son­nel répr­essif n’éch­ap­pera pas à la crise. Il ne faut sur­tout pas invo­quer une crise morale de la police face à l’idéal révo­luti­onn­aire, mais bien plutôt à des muti­ne­ries inter­ve­nant pour des rai­sons très matéri­elles (Afrique du Sud). D’autre part, le refus de la mili­ta­ri­sa­tion même la plus légère n’impli­que nul­le­ment le rejet de la vio­lence.

Conclusion

L’abo­li­tion de la valeur, la des­truc­tion du capi­tal et l’auto-sup­pres­sion du prolé­tariat ne sont des moments mystérieux ou mys­ti­ques que si on les envi­sage dans un pro­ces­sus insur­rec­tion­nel de type ancien mou­ve­ment ouvrier, affir­mant l’iden­tité tra­vailleuse de la classe ouvrière et se fixant comme but de mettre le prolé­tariat (en réalité ses représ­entants) au pou­voir poli­ti­que. Jusqu’à présent les com­mu­nis­tes ont buté de façon insur­mon­ta­ble sur ces ques­tions et n’ont trouvé que la société de tran­si­tion pour éluder l’obs­ta­cle. La société de tran­si­tion est un leurre, de même que le dépér­is­sement de l’Etat.

Depuis la crise des années 1960-1970, le pro­ces­sus même de la contra­dic­tion entre les clas­ses a com­mencé à nous déb­arr­asser de ce pro­blème. L’évo­lution réc­ente du rap­port des clas­ses permet de com­pren­dre beau­coup mieux que Marx lui-même la nature intime de la société capi­ta­liste, la valeur, le tra­vail, et donc leur abo­li­tion. Elle permet ainsi d’appro­cher de plus près ce que sera le com­mu­nisme et le pro­ces­sus révo­luti­onn­aire de com­mu­ni­sa­tion qui le créera. Plus la crise va s’appro­fon­dir, plus on avan­cera sur cette voie.

B. A.

Août 2009


Notes

(1) La prise de pos­ses­sion se dér­oule comme inte­rac­tion entre indi­vi­dus du prolé­tariat. Il n’y a plus les auto­ma­tis­mes du rap­port de classe. Si le prolé­tariat est contraint de se sou­le­ver, il faut quand même quel­ques indi­vi­dus pour sortir les pre­miers pavés, casser les pre­mières vitri­nes…. Autrement dit, l’acti­vité de crise gagne un degré de liberté par rap­port à la prospérité. Ce n’est pas encore le règne de la liberté, mais c’est ce degré qui donne aux insurgés le sen­ti­ment que tout est pos­si­ble.

(2) Nous avons fait remar­quer que, dans l’appro­fon­dis­se­ment du chômage en Argentine, cer­tains pique­te­ros tenaient à peu près ce dis­cours. Voir Bruno Astarian, Le Mouvement des pique­te­ros, Argentine 1994-2006, Echanges et Mouvement, mai 2007, notam­ment pages 37 et 52.

23/07/2010 19:07:54, από pakiboy

Hallo...
Προβλέπεται συζήτηση σε αυτό το σάιτ?

Όπως και να χει δυο μικρά σχόλια. Ο τοπικός χαρακτήρας της διαδικασίας της "κομμουνιστικοποίησης" είναι πράγματι κάτι που φαίνεται πως είναι όντως αναγκαία συνθήκη. Το κείμενο όμως φαίνεται να παραβλέπει ένα πολύ σημαντικό πράγμα και αυτό είναι η σχεδόν τέλεια "διατροφική" και "ενεργειακή" κ.λ.π. εξάρτηση της σύγχρονης μητρόπολης. Και άντε αν στο μύλο αποφασίσουν να μη φτιάξουν ψωμί μια μέρα, θα φάμε από το παντεσπάνι που θα υπάρχει άφθονο στα ράφια των σούπερ μάρκετ. Τι γίνεται όμως με είδη όπως η ινσουλίνη για παράδειγμα; Εδώ ούτε η υπερπαραγωγή εξασφαλίζει κάτι ούτε οι εκατομμύρια διαβητικοί μπορούν να επαφύονται στη δημιουργικότητα όσον αποφασίσουν να φτιαξουν ινσουλίνη ως υποπροϊόν μιας μέρας συζήτησης για τον έρωτα - ή πολύ περισσότερο να πουν, "ας πούμε απλά ότι δε θα υπάρχει ινσουλίνη εκείνη τη μέρα. Τέτοια πρακτικά προβλήματα μπαίνουν ήδη σήμερα, τώρα, μέσα σε συγκεκριμένους αγώνες. Οι αγώνες στην υγεία είναι χαρακτηριστικό παράδειγμα. Εκεί δεν μπορούμε να πούμε πως "η έκθεση του ασθενη" είναι εκβιασμός, τελεία και παύλα, και δεν υποκύπτουμε σε εκβιασμούς. Χρειάζεται και σχεδιασμός και αυτόνομα σχέδια διαχείρισης των προβλημάτων και υπευθυνότητα και πολλά άλλα...

Κατά τη γνώμη μου η άποψη που περνάει το κείμενο έχει μια κάπως διονυσιακή - ουτοπική εικόνα για την κομμουνιστικόποίηση. Η επίθεση στον ορθολογισμό του καπιταλισμού δε σημαίνει ότι θα εκλείψει οποιαδήποτε διάθεση για σχεδιασμό της ανθρώπινης δραστηριότητας, απλά αυτός θα είναι αυτόνομος και με άλλα κίνητρα. Όσο η κομμουνιστικοποίηση θα είναι επίθεση στον ορθολογισμό του καπιταλισμού, άλλο τόσο θα είναι και επίθεση στον ανορθολογισμό του υποθέτω - κι αυτό θα απελευθερώσει τεράστιες δημιουργικές ανθρώπινες δυνάμεις ικανές να συμπεριφέρονται πάνω στην αρχή της χαριστικότητας με ανθρώπινη-κομμουνιστική λογική και όχι καπιταλιστική...



31/07/2010 23:07:31, από woland

Σχετικά με το πρώτο σημείο δεν μπορώ παρά να διαφωνήσω σχετικά με την αναφορά στη μητρόπολη. Δεν είναι, κατά τη γνώμη μου, εφικτό να διατηρηθούν οι υπάρχοντες πολεοδομικοί σχηματισμοί με τον πληθυσμό που διαθέτουν στη διαδικασία καταστροφής του κεφαλαίου. Ποιος θα το ήθελε άλλωστε;
Ζητήματα όπως η εύρεση ινσουλινης, για παράδειγμα, είναι όντως σοβαρα, αν και πάλι δεν πιστεύω ότι είναι εφικτή η διατήρηση της δομής "νοσοκομείο" δηλαδή "συνεργείο επισκευής εργατικής δύναμης".
Σ'αυτές τις περιπτώσεις μπαίνει το ζήτημα κατά πόσο η ύπαρξη της σχέσης μας με κάποιον που χρειάζεται ινσουλίνη είναι ο πραγματικός μας πλούτος και τι μπορούμε να κάνουμε γι'αυτό.
Τέλος, ο λόγος που το κείμενο δημιουργεί αυτή την αίσθηση διονυσιακής εικόνας για την κομμουνιστικοποίηση (κάτι που δεν προεικονίζεται πουθενά σήμερα) είναι ότι δεν μπαίνει στον κόπο να μας εξηγήσει ΠΩΣ προκύπτει από τη σημερινή ταξική πάλη αυτή η διαδικασία (οπότε σ'αυτό το σημείο συμφωνώ μαζί σου). Ας λάβουμε όμως υπόψη ότι πρόκειται να ακολουθήσει πιο εκτενές κείμενο του συγγραφέα πάνω στο θέμα αλλά και δική μας κριτική πάνω σ'αυτό.
Από την πλευρά μου θα ήθελα να ρωτήσω τι εννοείς με τον "αυτόνομο σχεδιασμό της ανθρώπινης δραστηριότητας"; Πιο συγκεκριμένα από ποιον, για ποιον και για ποιες δραστηριότητες θεωρείς ότι παράγεται η ανάγκη να γίνεται σχεδιασμός;

07/08/2010 12:08:40, από pakiboy

όντως με τη μητρόπολη ως έχει ή με όλους τους μεγάλους καπιταλιστικούς σχηματισμούς ως έχουν δεν νοείται κομμουνιστικοποίηση. Το ότι δεν περιγράφει τους σημερινούς όρους ύπαρξης του κομμουνισμού το κείμενο, δημιουργεί -όπως παρατηρείς κι εσύ- τέτοιες ασάφειες.

"αυτόνομο σχεδιασμό της ανθρώπινης δραστηριότητας" εννοούσα το ότι κάποιες δραστηριότητες της ζωής πρέπει να προγραμματιστούν. Ο κομμουνισμός δεν είναι μια διαδικασία π.χ. όπου ο καθένας ξυπνάει χωρίς καμία έγνοια για τη μέρα που ακολουθεί και κάνει τα πάντα στο πόδι. Ο όρος σχεδιασμός είναι ίσως ατυχής λόγω των συνυποδηλώσεων του, αλλά με το αυτόνομος εννοώ από τις ίδιες τις κοινότητες για τις ίδιες τις κοινότητες. Τώρα ποιες δραστηριότητες θα επιλέγει ο κάθε κοινότητα να οργανώνει με κάποιον τρόπο αυτό θα το δούμε. Αν είμαι αφηρημένος δεν μπορώ δυστυχώς να τα πω πιο συγκεκριμένα..

[Σ'αυτές τις περιπτώσεις μπαίνει το ζήτημα κατά πόσο η ύπαρξη της σχέσης μας με κάποιον που χρειάζεται ινσουλίνη είναι ο πραγματικός μας πλούτος και τι μπορούμε να κάνουμε γι'αυτό. ] > Με αυτό τι ακριβώς εννοείς; Η παραπάνω σχέση, ως προς το ιατρικό της κομμάτι προφανώς δεν έχει κάποιο πλούτο και πρέπει να αλλάξει, αλλά κατά τα άλλα "κάποιος που χρειάζεται ινσουλίνη" δεν έχει κάποιο λόγο να ορίζεται και να διαχωρίζεται έτσι μέσα σε μια πρόταση, δε νομίζεις;

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